La démocratisation du cannabidiol en 2018, notamment à travers l’utilisation d’e-liquide au CBD pour cigarette électronique a permis de mettre en évidence une bonne assimilation de cette molécule via l’inhalation, avec une importante biodisponibilité comparativement à d’autres méthodes d’administration.
Cependant le secteur de la cigarette électronique est parti sur un principe de faire des formulations à base de CBD toujours plus concentrées afin d’augmenter potentiellement le ressenti physique lors de l’inhalation, avec des concentrations pouvant atteindre 200mg/ml.
Tous les acteurs du secteur s’accordant sur un même raisonnement à savoir qu’on ne devait pas mélanger la nicotine avec le CBD. Non pas parce qu’il subsisterait un danger dans le mélange des deux molécules avec des altérations de l’une envers l’autre, l’explication est plus simple, les deux molécules s’opposeraient au sens où l’une est stimulante (la nicotine) et l’autre relaxante (le CBD).
Le principe, l’action de la nicotine est censée annihiler l’action du CBD, pour au final diminuer les effets relaxants, décontractants liés à la molécule de Cannabidiol.
Ceci est vrai lorsque l’on souhaite obtenir un ressenti physique avec l’utilisation de CBD en percevant notamment une décontraction du corps.
« Par contre, personne ne s’était penché jusqu’à Versevrage sur le fait que la
réciproque pouvait être vraie, à savoir que si le côté stimulant de la nicotine
pouvait avoir un impact sur le côté relaxant du CBD, les propriétés du CBD
pouvaient également influencer sur le côté addictif de la nicotine. »
La différence dans l’utilisation du CBD dans une approche de sevrage tabagique et nicotinique se fait au niveau du ressenti qui sera plus de l’ordre physiologique que physique.
Ressenti physiologique / ressenti physique : des attentes différentes
Pour l’utilisation d’un e-liquide au CBD avec de fortes concentrations, l’attente du consommateur final se portera principalement dans un premier temps sur un ressenti physique, c’est-à-dire une perception d’un effet relaxant du corps. Dans ce cas précis, le mélange de la nicotine va diminuer cet aspect que recherchera pour le coup l’utilisateur.
Par contre, dans le cadre de l’utilisation du CBD pour un accompagnement au sevrage tabagique et nicotinique, le duo Nicotine/CBD fonctionnera parfaitement. L’attente du consommateur final ne sera plus principalement une attente au niveau d’un ressenti physique mais privilégiera un ressenti physiologique. Celui-ci lui permettant de se sevrer plus facilement sans attendre cet effet physique, mais une attente orientée autour de la satiété d’un point de vue nicotinique, et d’une compensation du manque lorsque le taux nicotinique inhalé diminuera au fur et à mesure des paliers franchis.
Le CBD agira de différentes manières et à différents niveaux en interaction avec la nicotine.
Comme détaillé précédemment, le principe de base était le suivant « on ne mélange pas la nicotine avec le CBD grossièrement les deux effets s’annulent l’un l’autre ». En fait ce principe est vrai si l’on souhaite connaitre des ressentis « physiques » en utilisant du CBD sur des gros dosages, la nicotine limitera alors ces ressentis, mais ce principe n’est pas valable dans la conduite d’un sevrage nicotinique car les récepteurs ne sont pas les mêmes et au final l’action de l’un et de l’autre se complète pour un ressenti d’avantage physiologique.
Nous savons que le CBD agit comme un antagoniste sur les récepteurs endocannabinoide CB1 et CB2. De ce fait il va agir comme un inhibiteur de l’enzyme FAAH qui elle joue comme rôle de dégrader l’anandamide, neurotransmeteur endogène du cerveau qui a la particularité de donner cette sensation de plaisir, d’apaisement. Le CBD en jouant le rôle d’inhibiteur de l’enzyme FAAH va donc en ce sens favoriser le développement de l’anandamide, ce qui en découle plusieurs réactions comme l’amélioration de la transmission de sérotonine qui quant à elle voit ses récepteurs être activés par le CBD ce qui entraine donc ces réactions physiologiques et physiques d’apaisement, d’anti-stress et d’autres bienfaits importants qui interviennent notamment dans l’arrêt du tabac.
On sait que la nicotine active la diffusion de la dopamine dans notre cerveau et contribue à notre addiction à cette molécule. Seulement il existe d’autres liens d’activation de l’addiction comme le système noradrénergique qui a pour rôle de rendre l’environnement plus attirant et le système sérotoninergique qui a pour rôle de moduler une impulsion. La relation entre ces deux systèmes c’est que ce sont eux qui agissent au niveau du cerveau et qui vont déterminer la libération de la dopamine. Le problème c’est que lorsque la nicotine active ces deux systèmes en même temps, du coup il y a confusion entre la réponse qui ne va plus être appropriée à une impulsion, une attirance vers un besoin physiologique en nicotine. Cette nicotine en fumée va créer des IMAO (Inhibiteur de la monoamine oxydase), ces inhibiteurs qui empêchent la dégradation de la dopamine donc par définition la renforce et renforce ainsi la dépendance. Il a été prouvé que la nicotine seule ne développait pas d’IMAO mais c’est le sucre contenu dans une cigarette pour améliorer le gout et l’inhalation qui en se dégradant fabriquerait les IMAO et accentuerait donc la dépendance. Le parallèle avec le CBD c’est qu’il agit directement avec la sérotonine et pourrait ainsi apporter la réponse appropriée lors d’une impulsion, d’une sollicitation du corps à la nicotine. En apportant les réponses physiologiques quant à un apaisement et la baisse du stress lié au manque.
Dernier parallèle entre molécules de nicotine et de CBD, c’est la demi-vie de l’une et de l’autre.
Pour la demi-vie de la nicotine on parle de 2h à 4h en moyenne, avec donc une élimination dans l’organisme au bout de 8h. Pour le CBD, selon des études nous serions sur une demi-vie au moins 5 fois supérieure à celle de la nicotine d’après les retours d’études pharmacocinétiques sur le sujet.
On s’aperçoit alors que les deux se complèteraient bien, l’inhalation d’un produit nicotine/CBD lors de la rechute de la nicotine dans l’organisme interviendrait l’action du CBD permettant de ralentir le besoin immédiat en nicotine. Notamment après la phase de sommeil où le craving est le plus ressenti au matin lorsque l’organisme n’a plus de nicotine, l’action du CBD se poursuivant la réclame du corps en nicotine pourrait ainsi en être réduite et on se dirigerait vers un processus de sevrage nicotinique plus facilement.
Le but étant de permuter les deux molécules au bénéfice de la non addictive avec une accoutumance du corps petit à petit. Le manque lié à la baisse de la nicotine sera compensé par les effets du CBD.