07 Mar Cannabidiol, CBD médical, cannabis thérapeutique : du point commun aux différences
Bien que le cannabidiol, communément appelé CBD, soit un cannabinoïde issu de la plante de cannabis, il n’a de peu « fréquentable » que son nom au sens étymologique du mot qui l’identifie au « cannabis », un terme interprété collectivement comme une référence aux substances illicites.
Pour mieux comprendre la distinction entre cannabidiol (CBD), CBD médical et cannabis thérapeutique, reprenons l’origine du mot « cannabis ». Il s’agit d’un genre botanique dont l’espèce est le chanvre cultivé, communément appelé cannabis Sativa, incluant différentes sous espèces, principalement le Sativa, l’Indica et ruderalis. Toutes trois présentent des concentrations en cannabinoïdes différentes, dont deux cannabinoïdes principaux en terme de concentration, le cannabidiol (CBD) ainsi que le delta 9 tétrahydrocannabidol (THC).
D’une façon simplifiée, ce qui est qualifié de cannabis thérapeutique demeure la réponse médicale pouvant être apportée à une maladie via l’apport d’un mélange de cannabinoïdes, principalement accès sur des concentrations de THC et de CBD avec des rapports entre les deux molécules différents selon les pathologies pour lesquelles ils sont censés intervenir. L’ensemble de la réponse étant complétée par l’apport en quantité mineure des autres cannabinoïdes permettant de favoriser un effet d’entourage afin de renforcer les effets des principales molécules.
Il faut ainsi garder à l’esprit que le cannabidiol est UNE des molécules actives issue de la plante de cannabis Sativa, sous sa forme la plus pure lorsque nous parlons d’isolat, c’est-à-dire qui ne contient aucun autres cannabinoïdes et ne représente pas en soi une réponse médicale seule sous de faibles quantités administrées. Ses caractéristiques et spécificités autour de son champ d’action potentiel d’un point de vue médical vont majoritairement de pair avec son association aux autres cannabinoïdes. Un autre axe médial peut être identifié lorsqu’il est couplé à d’autres molécules actives comme pour notre solution Nicodiol combinant nicotine et CBD dans une approche de sevrage tabagique.
Les caractéristiques intrinsèquement liées au CBD et appuyées par la littérature existante sont essentiellement orientées autour de ses effets antiépileptiques et anxiolytiques, plusieurs études ont également mis en évidence des effets anti-inflammatoires, immunomodulateurs, antipsychotiques et neuroprotecteurs. Dans ces différents cas de figure le terme approprié serait alors de parler d’un CBD médical pouvant intervenir dans le traitement de pathologies existantes avec des quantités suffisamment administrées dans le cadre d’un traitement médical.
Pour autant le terme généralisé aujourd’hui dont une expérimentation a vu le jour en mars 2021 concerne une étude sur le cannabis thérapeutique, représentant l’utilisation de l’ensemble des cannabinoïdes présents dans la plante en associant (avec des rapports différents) principalement le CBD et le THC. C’est bien cette association qui permet de pouvoir intervenir dans le traitement de pathologies spécifiques. A ce jour et durant toute la conduite de l’étude qui se terminera au 25 mars 2024 après avoir était reconduite durant une période d’un an, cinq thématiques sont en cours d’étude:
- douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles (médicamenteuses ou non) ;
- certaines formes d’épilepsie sévères et pharmaco-résistantes ;
- certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements ;
- situations palliatives ;
- spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou des autres pathologies du système nerveux central.
A terme, l’objectif étant de pouvoir encadrer l’usage de cannabis à des fins médicales avec un processus d’obtention d’autorisation de mise sur le marché (AMM) classique au même titre que les autres candidats médicaments.
Le CBD seul quant à lui est aujourd’hui très présent dans la consommation courante, en vente libre, avec un déclassement en tant que stupéfiant. Cela lui confère de pouvoir être commercialisé dans différents types de commerces, tels que les magasins spécialisés, la grande distribution ou bien encore les pharmacies. Ses propriétés non psychoactives et non addictives (qui sont retrouvées à travers le THC) en font une molécule à part entière.
Son utilisation dans la gestion des addictions a été mise en avant par le biais de différentes études passées et en cours, notamment concernant l’addiction à l’alcool, aux différents opioïdes ou bien encore la dépendance au tabac.
Pour exemple dans le cadre du développement de la solution d’aide à l’arrêt du tabac Nicodiol, avec pour objectif de devenir le premier substitut tabagique et nicotinique électronique (STNE), l’utilisation du CBD dans les formulations combinée à la nicotine permet d’apporter certaines réponses efficaces aux syndromes existants en phase de sevrage. Le cannabidiol pouvant ainsi agir dans la régulation de l’anxiété liée à l’arrêt du tabac et à la baisse de la nicotine tout en favorisant des interactions via un rôle d’agoniste et/ou d’antagoniste sur les récepteurs CB1 et CB2 du système endocannabinoïdes (SEC) permettant de jouer un rôle important dans la dépendance tabagique et nicotinique.
Le cannabidiol (CBD) se distingue donc de ce que l’on appelle le cannabis thérapeutique. D’une part car il s’agit simplement d’une molécule sur la centaine de cannabinoïdes identifiés dans la plante de cannabis, une molécule qui peut être isolée puis purifiée et être ainsi totalement exempte des autres cannabinoïdes tel que le THC. D’autre part, son côté réglementaire lié à sa non psycoactivité et addictivité lui confère un positionnement libre en tant que produit de la consommation courante actuellement France, sachant toutefois qu’un cadre plus précis est en cours de construction.
Pour autant des médicaments utilisant cette molécule et ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché tel que le Sativex ou bien l’Epidyolex peuvent lui conférer le terme de CBD médical dans ces cas précis où ils ont pour but de traiter une pathologie existante. Un chemin qui sera emprunté dans le cadre de la solution de sevrage tabagique Nicodiol. L’emploi du CBD dans les formulations avec pour objectif l’obtention d’une AMM après un long processus clinique et de R&D pourrait lui conférer le même titre de CBD médical de par son utilisation en tant que médicament.
Une chose est certaine, même si de plus en plus de preuves scientifiques tendent vers une véracité des bienfaits autour du CBD et du cannabis thérapeutique de façon plus générale, une éducation plus importante reste à faire auprès de la population tout comme auprès des professionnels de santé. En tout état de cause nous retrouvons une confusion trop fréquente entre une molécule seule, le CBD et un ensemble de molécules avec des combinaisons différentes pour traiter diverses maladies, caractérisée en tant que cannabis thérapeutique.
Cet amalgame est néfaste car seul un degré d’information et de connaissance suffisants permettront de définir au mieux les frontières en termes d’aide médicale, d’apport dans la consommation courante ou de stupéfiants. Même si toutes ces molécules font parties de cette même plante de cannabis, l’appréhension liée au nom et à l’image qu’elle peut renvoyer aux yeux de certains ne doit pas affecter tout l’intérêt suscité. Pour l’exemple du CBD pur en isolat, qui est au final une molécule simplement extraite de la plante bénéficiant de certaines propriétés liées au bien être de façon générale, il ne faut pas pour autant être influencé par les faux semblants. Car si cette molécule était issue d’une feuille d’épinard et que son nom devenait alors « épiniardiol », ses bienfaits resteraient les mêmes avec une acceptation bien plus évidente de l’ensemble de la collectivité au titre d’une origine plus moralement acceptable.